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La CSRD : tout comprendre sur cette nouvelle directive

L’adoption de la directive CSRD le 10 novembre 2022 par le Parlement européen marque une nouvelle étape importante pour le reporting extra-financier des entreprises. Près de 50 000 entreprises européennes devront divulguer chaque année des informations précises et détaillées en matière de durabilité. On vous en dit plus dans cet article !

Temps de lecture : 5 minutes

Qu’est-ce que la directive CSRD ?

Contexte

Adoptée le 10 novembre 2022 par le Parlement européen, la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive - Directive sur les rapports de durabilité des entreprises) vise à renforcer les exigences relatives à la communication d’informations non-financières par les grandes entreprises

Pour rappel, le cadre juridique actuel est fixé par la directive NFRD (Non Financial Reporting Directive) qui impose, depuis 2018, aux entreprises d’intérêt public de plus de 500 salariés d’établir une déclaration sur la manière dont elles gèrent les problématiques environnementales et sociales. 

Le projet de directive CSRD a été initialement présenté le 21 avril 2021 par la Commission Européenne dans le cadre du Pacte Vert pour l’Europe et du programme en matière de finance durable. Elle vise à modifier la directive NFRD afin d’élargir son champ d’application mais également renforcer les exigences de reporting extra-financier.

🚨 Rappel : la CSRD étant une directive européenne, elle devra être transposée par les Etats membres de l’UE avant la fin de l’année 2023.

Quelles sont les principales nouveautés ?

Dans un contexte où la transparence en matière de durabilité constitue une attente toujours plus forte des parties prenantes (investisseurs, clients, consommateurs, salariés), la directive CSRD poursuit trois objectifs principaux : 

  • harmoniser et améliorer la qualité des informations publiées, notamment celles relatives à la durabilité (environnementale, sociale et de gouvernance)
  • permettre aux investisseurs et plus généralement au public d’accéder à des informations pertinentes, comparables et fiables en matière de durabilité
  • encourager les investissements vers une économie durable

Voici les principaux changements introduits par la directive par rapport au cadre juridique actuel : 

Champ d’application

Extension significative du champ d’application : les nouvelles règles s’appliquent à toutes les grandes entreprises de plus de 250 salariés.

Contenu du reporting

La CSRD impose la publication d’informations plus précises et détaillées, notamment en matière de durabilité, et impose aux entreprises de se fixer des objectifs.

Le reporting devra respecter les normes européennes de reporting (European Sustainability Reporting Standards - ESRS). L’adoption de la première série de normes a été éffectué fin 2022.

La CSRD renforce le principe de double-matérialité qui prend en compte les impacts des activités de l’entreprise sur l’environnement et la société.

Audit et certification

La vérification du reporting par un organisme tiers indépendant sera plus exigeante.

Publication

Les informations en matière de durabilité devront être reportées dans une section dédiée du rapport de gestion d’entreprise, établi dans un format électronique unique européen (xHTML).

CSRD : Pour quelles entreprises et quand ?

Pour rappel, la directive NFRD ne s’appliquait qu’aux entreprises d’intérêt public (telles que les banques, assureurs et sociétés cotées) employant plus de 500 salariés. 

La directive CSRD étend significativement le champ d’application des exigences de reporting extra-financier. Tout d'abord, elle s’appliquera en effet à toutes les sociétés cotées ainsi qu’aux grandes entreprises qui valident au moins deux des trois critères suivants

  • 50 millions d’euros de chiffre d’affaires
  • bilan de 25 millions d’euros
  • 250 salariés

Par ailleurs, les entreprises non européennes seront également concernées si elles réalisent une activité conséquente dans l’Union Européenne, soit un chiffre d’affaires dans l’UE dépassant les 150 millions d’euros pour chacune des deux années précédentes.

Puis, la CSRD s’appliquera aussi aux PME et autres entreprises cotées en bourse (avec un délai supplémentaire). À noter toutefois que la Commission Européenne envisage d’établir des règles adaptées aux PME dépassant deux des trois critères suivants : 

  • 10 millions d’euros de chiffre d’affaires
  • bilan de 5 millions d’euros
  • 50 salariés

💡 Les micro-entreprises cotées ne seront pas concernées par la directive CSRD sauf si elles dépassent l’un des trois critères suivants : 

  • 900 000 euros de chiffre d’affaires
  • bilan de 450 000 euros
  • 10 salariés
Nouveau champ d’application de la CSRD
Grands groupes PME Micro-entreprises 
Cotées Non cotées Cotées Non cotées Cotées Non cotées
Concerne toutes les entreprises (pas de critères spécifiques).

Dépassant 2 des 3 critères suivants :

  • 50 millions d’euros de chiffre d’affaires ;
  • bilan de 25 millions d’euros ;
  • 250 salariés.
Concerne toutes les entreprises (pas de critères spécifiques).

passant 2 des 3 critères suivants :

  • 10 millions d’euros de chiffre d’affaires ; 
  • bilan de 5 millions d’euros ;
  • 50 salariés.

Dépassant 1 des 3 critères suivants :

  • 900 000 euros de chiffre d’affaires ;
  • bilan de 450 000 euros ;
  • 10 salariés.
Non concernées.

Au total, ce sont donc près de 50 000 entreprises européennes (contre 11 700 sous la directive NFRD) qui seront désormais concernées par l’obligation de reporting extra-financier (!).

Il reviendra aux Etats membres de définir les sanctions encourues par les entreprises ne publiant pas les informations en matière de durabilité. Rappelons que le manquement à l’établissement de la DPEF est sanctionné pénalement et constitue une contravention de 5e classe punissable d’une peine d’amende de 1 500 euros à 3 000 euros en cas de récidive.

Calendrier d’entrée en vigueur

Afin de laisser aux entreprises concernées le temps de se préparer, la mise en place des nouvelles exigences interviendra de façon graduelle :

  • 1er janvier 2024 : applicabilité aux grandes entreprises de plus de 500 salariés (déjà soumises à la directive NFRD) pour déclaration en 2025.

💡 En France, le reporting CSRD se substituera à la Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF).

  • 1er janvier 2025 : applicabilité aux grandes entreprises non actuellement soumises à la NFRD pour une première déclaration en 2026.
  • 1er janvier 2026 : applicabilité aux PME et autres entreprises cotées pour déclaration en 2027.
  • 1er janvier 2028 : applicabilité aux entreprises de pays tiers générant un chiffre d’affaires de plus de 150 millions d’euros dans l’UE.

Calendrier d'application de la CSRD

Comment se mettre en conformité avec la CSRD ?

Pour les grandes entreprises, le projet de directive prévoit que le reporting de durabilité devra notamment comporter : 

  • une brève description du modèle d’affaires et de la stratégie économique de l’entreprise (résilience du modèle d’affaires, prise en compte des risques environnementaux et sociétaux, opportunités en matière de durabilité, stratégie de développement durable)
  • une description des objectifs en matière de durabilité, incluant la trajectoire carbone et les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 et 2050, ainsi que les progrès accomplis pour atteindre ces objectifs
  • une description des organes de gouvernance chargés des questions de durabilité
  • une description des politiques mises en place par l’entreprise en matière de durabilité
  • une description du processus de due diligence mis en place par l’entreprise en matière de durabilité
  • une description des principaux effets négatifs actuels ou potentiels générés par les opérations de l’entreprise ou sa chaîne de valeur ainsi que des actions prises pour les réduire
  • une description des principaux risques environnementaux et sociétaux auxquels l’entreprise est confrontée et la manière dont elle gère ces risques (ou prévoit de les gérer)
  • des indicateurs pertinents pour l’ensemble des informations divulguées (tels que le bilan carbone)

À noter que le contenu précis du rapport de durabilité ne sera connu qu’à la publication officielle des standards de l’EFRAG. En l’état, le document de travail de l’ESRS 1 établi par l’EFRAG précise 23 exigences concernant le changement climatique. La plupart d’entre elles correspondent à ce qui est actuellement exigé par la NFRD et les autres bonnes pratiques de reporting (TFCD, CDP, etc.). Quatre exigences peuvent cependant être qualifiées d'”innovantes” : 

  • Pour l’élaboration d’un plan de transition, l’entreprise devra identifier les différents leviers de décarbonation mais aussi les “futures” émissions (locked-in emission) causées par les décisions prises aujourd’hui, ce qui nécessitera des efforts de modélisation.
  • Concernant l’établissement d’une trajectoire carbone, la norme rend obligatoire la divulgation d’un objectif compatible avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C. Par ailleurs, le reporting climatique devra inclure des objectifs de réduction pour les émissions de Scope 1, 2 et 3.
  • Les émissions de Scope 1, Scope 2 et Scope 3 doivent être mesurées, ce qui rend la réalisation d’un bilan carbone obligatoire. L’EFRAG reconnaît que pour de nombreuses entreprises, les émissions de Scope 3 sont les plus importantes du bilan carbone. Le Scope 3 est donc inclus dans le reporting climatique mais est limité aux catégories “significatives”, selon les critères définis par le GHG Protocol.
  • Les émissions “compensées” et évitées ne doivent pas être incluses dans les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elles peuvent toutefois être divulguées de manière optionnelle.

Une déclaration simplifiée sera mise en place pour les PME concernées. Ces dernières seront uniquement tenues de divulguer : 

  • une brève description du modèle d’affaires de l’entreprise et sa stratégie d’entreprise
  • une description des politiques de l’entreprise en matière de durabilité
  • les principaux effets négatifs actuels ou potentiels de l’entreprise sur l’environnement et la société
  • les principaux risques environnementaux et sociétaux auxquels l’entreprise est confrontée et la manière dont elle gère ces risques
  • des indicateurs pertinents pour l’ensemble des informations divulguées

Pour rappel, les PME qui entrent dans le scope évoqué sont celles qui valident au maximum deux des trois critères suivants :

  • CA 40 millions d’euros 
  • 20 millions d’euros d’actifs au total
  • 250 salariés

Concrètement, l’Union Européenne attend donc des entreprises concernées un suivi rigoureux de leur performance environnementale et sociale grâce aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Chaque entreprise doit ainsi formaliser une stratégie de développement durable accompagnée d’un plan d’action présentant les moyens concrets de la mettre en place.

Pour rappel, les critères ESG constituent les trois piliers de l’analyse de la performance extra-financière : 

🌱 le critère environnemental tient compte notamment de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de la gestion des déchets et de la prévention des risques environnementaux

✊ le critère social prend en compte notamment le respect du droit du travail, la prévention des accidents professionnels, la formation du personnel et le dialogue social dans l’entreprise

⚖ le critère de gouvernance concerne notamment l’indépendance du conseil d’administration, la structure de gestion et la présence d’un comité de vérification des comptes.

Comment se préparer dès maintenant à la CSRD ?

Il est essentiel, et notamment pour les entreprises qui ne sont pour l’instant pas concernées par le reporting extra-financier, d’anticiper dès maintenant cette nouvelle réglementation afin de pouvoir disposer des données nécessaires le moment venu. 

Dans la mesure où la réduction des gaz à effet de serre constitue un des premiers critères pour analyser la performance environnementale des entreprises, la mise en place d’indicateurs carbone et d’une stratégie climat constituera une partie importante du reporting ESG. La réalisation d’un bilan carbone sera donc un point de passage obligatoire pour l’ensemble des entreprises concernées, afin de mesurer leurs émissions et de se fixer des objectifs pour les réduire.  

À ce titre, il faut noter que la CSRD impose de divulguer des données sur les opérations de l’entreprise et de sa chaîne de valeur, ce qui implique nécessairement la réalisation d’un bilan carbone sur l’ensemble des postes d’émissions (Scope 1, 2 et 3). 

💡 Durant les trois premières années d’application de la CSRD, si les informations sur la chaîne de valeur ne sont pas disponibles, l’entreprise devra expliquer les efforts déployés pour les obtenir et comment elle compte les obtenir à l’avenir.

Il est également recommandé de mettre en place dès maintenant une gouvernance dédiée aux enjeux de développement durable : 

  • pilotage de la stratégie ESG au plus haut niveau de l’organisation (avec une implication importante nécessaire de la Direction)
  • une personne ou une équipe dédiée à la mise en place de la stratégie ESG
  • des référents qui seront chargés de collecter les données nécessaires dans l’ensemble des services concernés

Pour les entreprises qui souhaitent se préparer dès aujourd’hui à l’exercice et mesurer leur performance extra-financière, le Gouvernement a mis en place en mai 2021 la plateforme “Impact” qui permet à toutes les entreprises (de la TPE au grand groupe) de publier les données de leur performance environnementale, sociale et de gouvernance.

👉 En savoir plus sur la plateforme Impact !

Répondre au questionnaire CDP peut également être un excellent moyen de se préparer en amont sur le volet environnemental du reporting extra-financier exigé par la directive CSRD. Il présente aussi l’avantage de fournir une feuille de route sur les différentes étapes pour réduire son impact environnemental.

Conclusion

En imposant à toutes les grandes entreprises de mesurer leur performance extra-financière grâce à des indicateurs fiables et selon des standards normés, la directive CSRD constitue un tournant majeur et va vers une plus grande responsabilisation des acteurs économiques sur les questions environnementales et sociales

Afin de pouvoir répondre au mieux à cette nouvelle réglementation, il est impératif que les entreprises nouvellement concernées s’y préparent dès maintenant, notamment en mesurant leurs émissions de gaz à effet de serre par un bilan carbone. Aktio peut vous accompagner pour répondre aux enjeux de la CSRD alors n’hésitez pas à nous contacter !