La trajectoire carbone de la France a été définie en 2015 par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), renforcée en 2017 par le Plan Climat. Elle vise la division par six des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire d’ici 2050 par rapport à 1990 pour atteindre la neutralité carbone.
Cette trajectoire carbone a été déclinée à l’ensemble des secteurs d’activité par l’attribution de « budgets carbone », autrement dit des plafonds d’émissions annuelles à ne pas dépasser.
🧐 Ces budgets carbone sont ambitieux mais aussi particulièrement difficiles à respecter, comme le montrent les indicateurs de suivi des résultats de la SNBC mis en place par le Ministère de la transition écologique : en 2020, sauf pour le secteur de la production d’énergie, les émissions ont été supérieures aux objectifs (et ce, malgré un relèvement du 2e budget carbone et la crise sanitaire du Covid-19…).
Pour atteindre ses objectifs, la SNBC fixe des orientations et notamment des recommandations sectorielles qui doivent être prises en compte par les décideurs publics lors de l’élaboration des réglementations.
Elle fixe également des trajectoires carbone sectorielles pour chaque secteur d’activité :
Reste que l’atteinte des objectifs de la SNBC dépend surtout du bon vouloir des décideurs publics qui doivent élaborer des réglementations suffisamment ambitieuses et contraignantes. Malgré de belles avancées, notamment la RE 2020 et le décret tertiaire, il reste encore beaucoup à accomplir…
Au-delà des réglementations sectorielles, il faudrait aussi que la SNBC puisse se décliner à l’échelle des entreprises pour être pleinement efficace. Mais cette déclinaison n’est pas évidente pour plusieurs raisons :
Malgré tout, la SNBC reste un document d’orientation et joue, de ce point de vue, pleinement son rôle en montrant « l’ampleur de la tâche à accomplir ». Elle permet également aux entreprises d’anticiper les réglementations à venir dans leur secteur et de s’y préparer en mettant en place dès à présent une stratégie bas-carbone.
Pour pallier la non-déclinaison des réglementations nationales à une échelle “pratique” pour les entreprises, les Science Based-Target (SBT) constituent une référence pour les entreprises souhaitant définir une cible de réduction de leurs émissions conforme à des objectifs macroscopiques (i.e. sectoriels et planétaires).
L’initiative Science-Based Targets (SBTi) est un projet collectif lancé en 2015 par le Carbon Disclosure Project (CDP), le Global Compact des Nations Unies, le World Ressource Institute (WRI) et le World Wildlife Fund (WWF). Elle vise à permettre aux entreprises de définir une cible de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre en conformité avec la science.
La SBTi développe des outils et de ressources pour aider les entreprises volontaires dans la définition de leur cible de réduction (Science-Based Target). Le principal avantage des SBT est qu’elles fournissent des méthodologies pour l’ensemble des secteurs (et sous-secteurs) d’activité, avec une volonté d’adapter ces méthodes aux spécificités de chaque secteur.
💡 En novembre 2023, plus de 6500 entreprises de plus de 50 secteurs différents avaient déjà rejoint la SBTi pour se fixer un objectif scientifique et un tiers de ces entreprises ont terminé la validation de leurs objectifs à court terme.
Pour développer et faire approuver sa cible de réduction, l’entreprise suit un processus en 4 étapes :
Le processus complet de vérification pouvant s’avérer assez long, la SBTI prévoit une voie simplifiée et allégée pour les PME. Elle leur impose notamment des exigences moins fortes concernant le Scope 3. A la différence des entreprises de plus de 500 salariés, les PME doivent s’engager à mesurer et réduire leurs émissions, sans obligation stricte de fixer des objectifs quantifiés.
La cible de réduction peut être définie en valeur absolue, en intensité ou les deux :
Exemple : réduire ses émissions de 25% entre 2021 et 2030, quels que soient les changements qui peuvent affecter l’activité de l’entreprise.
En fonction des secteurs d’activité, cette métrique peut être très différente : il peut s’agir de réduire ses émissions par tonne de nourriture produite (exemple de Kellog’s dans l’agro-alimentaire), par kilowattheure (exemple d’Enel, producteur d’électricité) ou encore par passager-kilomètre (exemple de Thalys dans l’aviation).
Dans ce but, la SBTi a déployé 7 méthodes différentes qui se fondent sur trois approches principales :
Le cadre méthodologique du développement de la cible de réduction est défini selon certains principes à respecter :
❗️ Si les émissions du Scope 3 d’une entreprise représentent plus de 40% de l’ensemble des émissions (Scope 1+2+3), l’objectif de réduction doit alors couvrir également le Scope 3.
Sur les moyens d’atteindre les objectifs définis, la SBTi impose que les réductions d’émissions passent par une action directe au sein de l’entreprise ou sa chaîne de valeur. Ni les émissions évitées ni la compensation carbone ne peuvent donc être comptabilisées.
Quelques exemples d’entreprises engagées avec la SBTi pour la définition de leur trajectoire carbone :