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Dire Stop au greenwashing et vraiment agir pour le climat

Depuis l’Accord de Paris, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’engager volontairement pour l’atteinte d’un “Zéro émission nette” (Net Zéro). Mais ces déclarations de bonnes intentions sont rarement suivies d’actions à la hauteur des ambitions et s’apparentent donc encore trop souvent à de l’écoblanchiment.

Temps de lecture : 4 minutes

A l’occasion de la COP 27 et de la sortie du rapport du groupe d’experts de l’ONU sur les engagements Net Zéro des acteurs non-étatiques (consultable ici), voici les 5 actions-clés à mettre en œuvre pour agir (vraiment) pour le climat à l’échelle de l’entreprise !

Arrêter d’investir dans les énergies fossiles et limiter leur utilisation

Dans son dernier rapport, le GIEC a appelé clairement à une sortie des énergies fossiles pour respecter les engagements climatiques. L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) a également mis en exergue que les nouveaux approvisionnements en combustibles fossiles sont incompatibles avec la trajectoire d’émissions requise pour atteindre le Net Zéro en 2050.

Par conséquent, il est essentiel que tous les engagements Net Zéro des acteurs non-étatiques incluent des objectifs spécifiques visant à mettre fin à l’utilisation et/ou au soutien des combustibles fossiles conformément aux trajectoires scientifiques. 

Pour les acteurs bancaires et fonds d’investissement, cela signifie arrêter d’investir dans les projets liés aux énergies fossiles et diriger les investissements prioritairement vers les projets d’énergies renouvelables. 

Pour les entreprises, cela signifie définir dès aujourd’hui des budgets spécifiques dédiés : 

  • au remplacement de leurs flottes de véhicules thermiques par des véhicules électriques
  • à l’installation de bornes de recharge électriques
  • au remplacement des systèmes de chauffage au fioul ou au gaz par du chauffage électrique ou des réseaux de chaleur
  • à la mise en œuvre de toutes les actions de sobriété énergétique possibles (exemples : isolation thermique des bâtiments, pilotage des consommations, etc.)
  • pour les industries, à la modification de leurs process industriels afin d’utiliser des vecteurs énergétiques moins énergivores (exemples : hydrogène).

Faire un Bilan Carbone et mettre en place une stratégie carbone ambitieuse

Bien que le nombre d’acteurs qui s’engagent à l’atteinte d’un Net Zéro augmente, les émissions mondiales continuent malgré tout d’augmenter ce qui révèle un écart important entre les intentions affichées et la réalité des actions mises en œuvre. Dans son rapport, le groupe d’experts de l’ONU propose ainsi plusieurs pistes pour y remédier.

Tout d’abord, l’engagement Net Zéro des acteurs non-étatiques (entreprises, fonds d’investissement, villes, régions) doit impérativement contenir des objectifs intermédiaires pour 2025, 2030 et 2035 ainsi que des plans d’actions concrets compatibles avec la science. Par ailleurs, une méthodologie robuste doit être utilisée pour définir sa trajectoire carbone, telle que la Science-Based Target Initiatives (SBTi)

👉 En savoir plus sur la définition d’une trajectoire carbone et la SBTi !

La réalisation d’un bilan carbone est ainsi essentielle et doit être renouvelée chaque année pour mesurer les progrès réalisés et analyser l’efficacité des mesures mises en place.

Enfin, la mise en place d’une stratégie climat ambitieuse suppose aussi nécessairement : 

  • la mise en place d’une gouvernance dédiée à celle-ci (équipe dédiée, ambassadeurs carbone pour favoriser la collecte des données, pilotage de la stratégie au plus haut niveau de l’organisation, allocation de budgets spécifiques, etc.) ;
  • la sensibilisation et la formation des collaborateurs aux enjeux carbone.

👉 Découvrir les 6 étapes essentielles pour mettre en place une stratégie carbone en entreprise !

Exercer une politique d’influence à la hauteur de ses propres engagements

Au-delà des actions réalisées dans leur chaîne de valeur pour réduire leurs émissions, les entreprises doivent aligner leur politique extérieure avec leurs engagements. Le groupe d’experts de l’ONU recommande ainsi de divulguer publiquement leurs affiliations à des associations professionnelles et d’inciter ces associations à plaider en faveur d’une action climatique positive et conforme à leurs engagements. 

Exemples :

  • en tant qu’acteur des énergies renouvelables, faire du lobbying auprès des acteurs publics pour relocaliser les filières industrielles en France et en Europe
  • pour tout type d'entreprise, s’engager auprès de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) pour activer sa démarche de manière collective

👉 lire l'interview de Yannick Servant, co-fondateur de la CEC, qui en appelle au courage et à la coopération des entreprises françaises.

  • dans le secteur du transport, rejoindre le dispositif Objectif CO2 pour réduire durablement sa consommation de carburant et les émissions de gaz à effet de serre (GES) associées.

De même, les entreprises doivent aussi contribuer à l’engagement climatique de leurs investisseurs, fournisseurs, consommateurs mais aussi leurs salariés afin de favoriser la transformation du secteur économique dans lequel elles exercent.

Préserver les forêts et la biodiversité

Le déclin mondial de la biodiversité et le changement climatique sont intimement liés. Les données scientifiques indiquent la nécessité de protéger au moins 30% des espaces naturels mondiaux d’ici 2030. Seul ce niveau pourrait, en effet, permettre de donner à la planète une chance de “se rétablir” et protéger des millions d’espèces contre le risque d’extinction.

💡 Selon les Nations-Unies, environ 17% des terres dans le monde et 8% des océans font actuellement l’objet d’une protection.

L’atteinte de cet objectif suppose d’une part, pour les institutions financières, d’arrêter de financer des projets entraînant de la déforestation. Mais cela signifie aussi, pour les entreprises, de supprimer de leurs chaînes d’approvisionnement tous les biens ou services qui mettent en péril la conservation des écosystèmes. Ces acteurs doivent également investir dans la protection et la restauration des milieux naturels, au-delà des réductions d’émissions dans leur propre chaîne de valeur. 

⚖️ Le 13 septembre 2022, le Parlement européen a voté en faveur de la proposition de règlement européen sur la déforestation importée. Les nouvelles règles proposées visent à imposer aux entreprises de certifier que leurs marchandises sont exemptes d’impacts sur les forêts, en prenant en compte toute la chaîne d’approvisionnement. Le règlement pourrait entrer en vigueur dès 2024.

Faire preuve de transparence sur son empreinte carbone et ses objectifs de réduction

Pour crédibiliser leurs engagements, le groupe d’experts de l’ONU recommande aux entreprises de divulguer chaque année leurs données relatives aux émissions (bilan carbone), leurs objectifs “Zéro émission nette” (à court, moyen et long terme) ainsi que les actions concrètes mises en place pour l’atteinte de ces objectifs. 

Les données doivent être comparables afin de permettre un suivi efficace des progrès réalisés. Par ailleurs, ces déclarations doivent être exactes et fiables. Ce qui implique, en particulier pour les grandes entreprises, de solliciter une évaluation indépendante de leurs rapports d’avancement annuels et de leurs déclarations.

👉 Consulter notre article sur les bonnes pratiques d’une communication responsable !

🧐 Zoom sur le rapport du groupe d’experts de haut niveau de l’ONU

Le groupe d’experts de haut niveau de l’ONU sur les engagements Net Zéro des entités non-étatiques (UN high-level Expert Group on the Net-Zero Commitments of non-state Entities) a été institué le 31 mars 2022 par le secrétaire général des Nations-Unies António Guterres. Il s’agit d’un groupe d’experts indépendants chargé d’élaborer des normes plus solides et plus claires pour les engagements Net Zéro des entreprises des entités non-étatiques (entreprises, investisseurs, villes, régions, etc.).

Le rapport publié le 8 novembre 2022 se présente comme un guide pratique pour garantir des engagements Net Zéro crédibles et responsables, à l’heure où l’écoblanchiment (greenwashing) est devenue monnaie courante. Il fournit à ce titre 10 recommandations fondées sur des données scientifiques et met en avant 4 points essentiels : 

  • les engagements Net Zéro doivent être conformes à la science et comporter des objectifs à court, moyen et long terme
  • les plans de transition doivent être détaillés et concrets
  • les engagements doivent être responsables et transparents
  • un renforcement de la réglementation est nécessaire afin que les engagements volontaires deviennent la nouvelle norme.