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Généralement rattachée à des notions de modération voire de frugalité, la sobriété est une notion ancienne (et en partie subjective) qui s’enracine notamment dans la philosophie (stoïcisme) ou la religion (christianisme), où elle est considérée comme une voie d’accès au bonheur par le renoncement aux biens matériels.
Devenue marginale lors de la révolution industrielle et l’émergence de sociétés “d’abondance”, la sobriété revient depuis quelques années sur le devant de la scène mais sans définition “unique, partagée et précise” selon l’ADEME et dans des domaines différents (numérique, énergie, agriculture, consommation, etc.). Toutefois, on retrouve généralement dans toutes ces démarches un dénominateur commun : une recherche de “moins”, grâce à une modération des biens et services produits et consommés, tout en recherchant un “mieux” (amélioration de la qualité de vie, mieux-être).
Quelques définitions actuelles de la sobriété :
Dans son dernier rapport publié en avril 2022, le GIEC accorde une place importante à la sobriété qu’il définit comme “un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui évitent la demande en énergie, matériaux et eau, tout en offrant à chacun une vie décente dans les limites planétaires.”
La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) définit la sobriété comme le fait de consommer “avec modération” les biens et services à forts impacts environnementaux.
Parmi toutes les approches possibles, la sobriété énergétique est sûrement celle qui fait l’objet de la définition la plus aboutie à ce jour. L’association Négawatt, qui a popularisé cette notion dans les années 2000, définit ainsi la sobriété énergétique comme une “démarche de réduction des consommations superflues, par une hiérarchisation des besoins qui peut s’exercer au niveau individuel comme s’organiser au niveau collectif”.
Concrètement, il s’agit donc d’abord d’être vigilant.e quant à la surconsommation d’énergie et le gaspillage, pour ensuite réduire les consommations grâce à une priorisation des besoins. Ainsi, il est possible de distinguer plusieurs “niveaux” de sobriété :
Négawatt distingue quatre leviers de la sobriété énergétique qui catégorisent le type d’actions pouvant être mis en oeuvre :
L’efficacité énergétique (ou efficience énergétique) vise à réduire la consommation énergétique d’un objet (appareil de chauffage, moteur, climatisation…) tout en fournissant au moins le même service.
Or, comme l’indique le chercheur Luc Sémal dans le Dictionnaire de la pensée écologique, “contrairement à l’efficacité (...) la sobriété ne s’appuie pas sur des aménagements techniques mais sur des choix de vie conduisant à réduire voire supprimer le service énergétique lui-même”. La sobriété va donc, par nature, plus loin que l’efficacité énergétique qui vise généralement à consommer moins mais pour le même usage.
Pour l’association Négawatt, l'efficacité énergétique ne prend donc tout son sens que si elle est couplée à une démarche de sobriété énergétique. Dans un premier temps, la sobriété doit permettre de repenser le besoin énergétique en lui-même. Puis, l’efficacité énergétique doit permettre d’optimiser la consommation d’énergie nécessaire à la satisfaction de ce besoin.
Efficacité et sobriété énergétique ne s’opposent pas : les deux sont nécessaires pour atteindre nos objectifs de neutralité carbone
💡 La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) présente la sobriété énergétique et l’efficacité énergétique comme deux des trois principaux leviers de la réduction des consommations d’énergie, avec la décarbonation de la production d’énergie.
L’efficacité énergétique est cruciale dans les secteurs fortement consommateurs comme l’industrie, le bâtiment et les transports. Elle est un des leviers de la performance énergétique - et économique ! - des entreprises. La norme ISO 50 001 sur le management de l’énergie fait référence en la matière.
Inscrite dans la loi relative à la transition énergétique de 2015 (dès le premier article !), la sobriété énergétique est désormais considérée comme l’un des trois principaux leviers pour réduire les émissions et ainsi atteindre la neutralité carbone en 2050.
💡 Pour atteindre la neutralité carbone, une baisse de 40% des consommations d’énergie d’ici 2050 (par rapport à 2019) sera nécessaire. Le Gouvernement a annoncé, dans le cadre du Plan de sobriété énergétique national, un premier palier avec un objectif de réduction de 10% d’ici deux ans.
Par ailleurs, dans un contexte de crise énergétique mondiale, de hausse et de volatilité des prix de l’énergie, la sobriété énergétique est également une solution incontournable pour réduire la facture d’énergie pour les particuliers comme les entreprises. Certains secteurs, comme le bâtiment, les transports ou encore l’industrie étant particulièrement impactés en raison de leurs consommations énergétiques importantes.
Avant même d’élaborer un plan d’actions ambitieux en matière de sobriété énergétique, les entreprises peuvent déjà mettre en œuvre des actions simples et rapides qui auront des effets immédiats sur la consommation d’énergie - et permettront de faire des économies.
En voici quelques-unes :
Au-delà de ces actions rapides et simples à mettre en œuvre, l’entreprise peut également aller plus loin, en agissant, par exemple, au niveau du bâtiment et/ou des process industriels. La réalisation d’un Bilan Carbone est un excellent moyen de mesurer les principaux postes d’émissions dans votre entreprise et d’identifier les actions concrètes de réduction et d’économie.
Pour réduire les consommations énergétiques du bâtiment, on recommande notamment les actions suivantes :
Dans l’industrie, l’ADEME recommande notamment :
Pour faciliter la mise en place et la mise en œuvre d’un plan de sobriété, la Première ministre Elisabeth Borne a enjoint les entreprises à nommer un “ambassadeur de la sobriété”. Sur le modèle du référent Covid en charge de la sécurité sanitaire des salariés, l’ambassadeur de la sobriété serait chargé d’incarner la sobriété en entreprise et de suivre la bonne mise en place des mesures.
Mettre en œuvre une démarche de sobriété énergétique en entreprise peut représenter un certain coût, en fonction des actions envisagées (rénovation énergétique, travaux d’isolation thermique, etc.). Cependant, de nombreuses possibilités de financement existent et peuvent vous aider à mener à bien ces projets.
L’Agence pour la transition écologique (ADEME) propose ainsi des aides financières aux entreprises qui souhaitent mettre en place des actions de réduction de leurs consommations d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre.
👉 Plus d’infos sur cette page.
Par ailleurs, par le biais du dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE), les fournisseurs d’énergie proposent des aides aux ménages et aux entreprises pour réaliser certains travaux d’économies d’énergie.
💡 La prime EDF permet par exemple aux entreprises d’obtenir une aide financière pour leurs travaux de rénovation ou d’efficacité énergétique. Elle concerne tous les secteurs et plus de 180 travaux y sont éligibles.
Enfin, certaines collectivités territoriales (en particulier les régions) mettent aussi en place des aides spécifiques pour soutenir les entreprises dans leur démarche d’efficacité énergétique. N’hésitez pas à les contacter pour être informé des aides financières disponibles !