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La SNBC : quelle stratégie bas-carbone pour la France ?

Feuille de route de la France en matière de lutte contre le changement climatique, la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) définit la marche à suivre pour décarboner l’économie française. Dans cet article, on vous éclaire sur ses objectifs (très ambitieux) et les orientations qu’elle fixe pour chaque secteur d’activité.

Temps de lecture : 4 minutes

La Stratégie Nationale Bas-Carbone : qu’est-ce que c’est ?

Pourquoi une Stratégie Nationale Bas-Carbone ?

En signant l’Accord de Paris en 2015, les pays se sont engagés à limiter le réchauffement mondial à un niveau bien inférieur à 2°C, de préférence à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. C’est dans ce but qu’intervient en 2017 le Plan Climat en France. Il fixe notamment l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), introduite en 2015 par la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), constitue la feuille de route de cette transition bas-carbone. Son ambition de long terme est d’atteindre la neutralité carbone dès 2050. Autrement dit, les émissions nationales de gaz à effet de serre devront être inférieures ou égales aux quantités de gaz à effet de serre absorbées par les puits de carbone.

Pour cela, la SNBC définit, pour chaque secteur d’activité, des objectifs de réduction des émissions à court-moyen terme sous forme de budgets-carbone. Fixés sur des périodes de 5 ans, ces budgets carbone constituent des plafonds d’émissions annuelles à ne pas dépasser.

A noter que les budgets-carbone ne prennent en compte que les émissions territoriales de gaz à effet de serre, autrement dit les émissions directement émises sur le territoire national pour la production de biens et services. Les émissions dites importées (émises hors du territoire pour la production de biens et services importés) font néanmoins l’objet d’une orientation transversale de la SNBC visant à “réduire l’empreinte carbone des Français” et de quelques orientations sectorielles visant notamment l’économie circulaire, le développement des circuits courts, etc.

Répartition sectorielle des trois prochains budgets carbone en MtCO2eq

Source : SNBC

Quels sont les principaux objectifs de la Stratégie Nationale Bas-Carbone ?

S’appuyant sur un scénario de référence prospectif, la Stratégie Nationale Bas Carbone poursuit quatre objectifs principaux :

  • décarboner la production d’énergie, en recourant notamment aux ressources en biomasse (bois énergie, déchets agricoles, etc.), la chaleur issue de l’environnement (géothermie, pompes à chaleur, etc.) et l’électricité décarbonée
  • augmenter les puits de carbone naturels (forêts, produits bois et terres agricoles) et technologiques (technologies de capture et de stockage du carbone)
  • réduire de moitié les consommations d’énergie dans tous les secteurs d’activité
  • réduire les émissions non liées à l’énergie, c’est-à-dire notamment les émissions de l’agriculture et des procédés industriels qui ne dépendent pas des consommations d’énergie

Elle fixe pour cela des orientations de gouvernance, transversales et sectorielles :

Source : Site du Ministère de l’écologie

A qui s’adresse la Stratégie Nationale Bas-Carbone ?

La Stratégie Nationale Bas Carbone ne constitue pas un texte juridique en tant que tel, il s’agit avant tout d’un document d’orientation. Malgré tout, la stratégie et les budgets carbone doivent être pris en compte par les décideurs publics. Ces derniers doivent donc s’assurer que les textes législatifs et réglementaires publiés permettent de respecter ses objectifs.

Exemple : dans le secteur du bâtiment et de la construction, la réglementation environnementale 2020 (RE 2020) et le décret tertiaire s’appuient directement sur la SNBC. Le Ministère de la transition écologique précise que ces textes fixent des exigences “compatibles avec la Stratégie Nationale Bas Carbone”.

💡 Pour l’instant, la France peine à remplir pleinement les objectifs fixés par la SNBC. Le 3 février 2021, dans le cadre de l’Affaire du Siècle, le tribunal administratif de Paris a condamné l’Etat pour “carences fautives à mettre en œuvre des politiques publiques lui permettant d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’il s’est fixé”. L’Etat doit réparer le préjudice au plus tard le 31 décembre 2022.

Si la Stratégie Nationale Bas-Carbone s’adresse donc avant tout aux décideurs publics, elle encourage plus généralement toutes les entreprises à réduire leur empreinte carbone, notamment en quantifiant leurs émissions de gaz à effet de serre et en mettant en place des stratégies de réduction d’émissions. Cela peut notamment passer par la définition d’une trajectoire carbone ambitieuse en conformité avec la science.

Le suivi de la SNBC repose sur des indicateurs, notamment des indicateurs de résultats actualisés chaque année et visant à appréhender le respect des budgets carbone. La stratégie est par ailleurs révisée tous les cinq ans pour adapter le scénario de référence.

💡 Le Haut Conseil pour le Climat (HCC) participe au suivi et à l’évaluation régulière de la Stratégie Nationale Bas-Carbone, notamment concernant les mesures opérationnelles mises en œuvre et le respect de la trajectoire de baisse des émissions.

Les orientations sectorielles de la Stratégie Nationale Bas-Carbone

Répartition des émissions de gaz à effet de serre par secteur (2019)

Le secteur des transports

Les transports constituent le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre en France. En 2019, il représente 31% des émissions nationales. L’objectif fixé par la Stratégie Nationale Bas-Carbone est une réduction de 28% de ces émissions en 2030 par rapport à 2015 et une décarbonation quasi-complète en 2050.

Pour cela, la SNBC mise sur plusieurs leviers, notamment :

  • le développement d’une mobilité bas-carbone
  • le report modal vers les transports moins émetteurs (train, transports publics, etc.)
  • l’électrification du parc automobile
  • l’amélioration de la performance énergétique des véhicules
  • la décarbonation de l’énergie consommée par les véhicules

Le secteur du bâtiment

Responsable de près de 18% des émissions nationales, le bâtiment constitue le troisième secteur le plus émetteur en France. L’objectif fixé par la Stratégie Nationale Bas-Carbone est une réduction de 49% des émissions en 2030 par rapport à 2015 et une décarbonation complète de l’énergie consommée dans les bâtiments en 2050.

Pour cela, elle mise principalement sur :

Le secteur de l’industrie

Le secteur industriel représente 18% des émissions nationales de gaz à effet de serre. La SNBC fixe un objectif de réduire de 35% les émissions en 2030 par rapport à 2015 et de 81% à l’horizon 2050.

Pour cela, elle recommande notamment :

  • d’accompagner les entreprises dans leur transition vers des systèmes de production bas-carbone
  • de réduire et si possible supprimer les émissions des procédés industriels par la mise en place de technologies de rupture
  • d’améliorer l’efficacité énergétique et de recourir à des énergies décarbonées
  • de maîtriser la demande en matière par le développement de l’économie circulaire pour éco-concevoir les produits, limiter le gaspillage, etc

💡 Pour les secteurs dits “fortement émetteurs de gaz à effet de serre”, des feuilles de route de décarbonation visant à identifier les principaux leviers de décarbonation doivent être établies avant le 1er janvier 2023. Dans le secteur industriel, des premières feuilles de route ont déjà été publiées pour les filières ciment, mines et métallurgie, acier, chimie et papier-carton. 

Le secteur de la production d'énergie

Le secteur de la production d’énergie représente 10% des émissions nationales. La Stratégie Nationale Bas-Carbone ambitionne de réduire de 33% les émissions en 2030 par rapport à 2015 et une décarbonation quasi-complète à l’horizon 2050, en misant notamment sur :

  • la maîtrise de la demande via l’efficacité et la sobriété énergétique
  • la décarbonation et la diversification du mix énergétique (développement des énergies renouvelables et de récupération)

🧐 L’évolution du mix énergétique et les objectifs d’efficacité énergétique sont définis dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE), fondée sur le même scénario de référence que la SNBC.

Le secteur de l’agriculture / la sylviculture

L’agriculture et la sylviculture représentent près de 19% des émissions nationales. La SNBC fixe un objectif de réduire de 46% les émissions en 2050 par rapport à 2015, en mobilisant notamment les leviers suivants :

  • la réduction des émissions non-énergétiques
  • la réduction des émissions énergétiques par le développement et la généralisation de l’utilisation d’énergies renouvelables

Le secteur forêt-bois-biomasse

Il s’agit là d’un secteur stratégique car il permet la séquestration du carbone et la production de matériaux et d’énergies biosourcées et renouvelables. L’objectif fixé par la SNBC est une augmentation de +87%, en misant notamment sur :

  • le maintien de la captation et des stocks de carbone dans l’écosystème forestier par une meilleure gestion sylvicole, un développement du boisement et une réduction des défrichements
  • une récolte accrue du bois, orientée vers des usages à plus longue durée de vie (par exemple, dans la construction), et une augmentation du recyclage et de la valorisation énergétique des produits bois en fin de vie

Le secteur de la gestion des déchets

Le secteur de la gestion des déchets représente 3% des émissions nationales de gaz à effet de serre. La Stratégie Nationale Bas-Carbone prévoit de réduire de 37% ces émissions en 2030 par rapport à 2015 et de 66% à l’horizon 2050.

Les principales orientations fixées sont :

  • une réduction de 20% de la production de déchets par habitant d’ici 2050
  • une amélioration de la collecte et de la gestion des déchets en développant la valorisation de matière et d'énergie. L’objectif : réduire de 90% les déchets envoyés en décharge d’ici 2035