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Trajectoire bas-carbone : contribuer à l’effort climatique pour garantir la pérennité de son entreprise

Pour l’édition 2023 du salon Produrable, nous avons souhaité mettre un coup de projecteur sur les trajectoires bas-carbone d’une société engagée, qui aligne sa stratégie avec les contraintes et les opportunités d’un monde “vraiment” bas-carbone. Synthèse et analyse de leur retour d’expérience dans cet article.

La table ronde a été organisée le 13 septembre durant le salon Produrable. Nous avons eu la chance de recevoir Claire Schwartz, Responsable de l’Engagement chez Chateauform’

Nous avons souhaité faire une synthèse de cet échange riche d’enseignements. Vous pourrez également retrouver l’échange complet sous forme de podcast 🎙️. 

Après la réalisation d’un Bilan Carbone et pour agir sur le long terme, il est essentiel de se fixer des objectifs de réduction et donc de définir une trajectoire carbone ambitieuse. Voyons ensemble comment cette entreprise a organisé sa trajectoire de décarbonation. 

Temps de lecture : 7 minutes

Pourquoi construire aujourd’hui sa trajectoire bas-carbone ?

Si l’exercice de mesure de son empreinte carbone tend à se généraliser auprès des entreprises françaises, on constate que la définition de trajectoires bas-carbone est beaucoup moins fréquente. 

Le bilan carbone via le scope 3, permet de comprendre sa chaîne de valeur en amont et en aval, de comprendre dans quel sens l’entreprise doit évoluer dans son secteur”, rappelle Laurent Barbezieux, co-fondateur d’Aktio. 

Aujourd’hui, c’est un travail nécessaire pour permettre à une entreprise de se projeter dans un monde compatible avec les Accords de Paris, dans lequel elle peut s’assurer que son activité perdurera dans un monde bas-carbone. Elle répond aussi à un besoin impérieux d’accélération de la décarbonation, qui ne peut se faire sans une action forte de la part des entreprises, des politiques publiques et des citoyens. 

Nous sommes société à mission. Un de nos objectifs statutaires, c'est de créer des rencontres respectueuses des hommes, des territoires et du vivant. En ce sens, il était logique de se fixer comme objectif opérationnel, la réalisation du Bilan carbone complet (scope 1, 2 et 3) et ensuite de définir nos objectifs de décarbonation ”, confie Claire Schwartz. 

En parallèle de ces engagements vertueux, de nombreux secteurs mettent au point, en accord avec la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), des feuilles de route précises et concrètes pour encourager les entreprises à passer à l’action. Pour certains secteurs, des réglementations ont vu le jour, notamment pour le bâtiment avec la mise en application du Décret Tertiaire et de la réglementation RE2020.

Comment se projeter dans un monde “vraiment” bas-carbone qui satisfait aussi les ambitions business d'une entreprise ?

Après l’exercice du Bilan Carbone, les entreprises sont souvent confrontées à des problématiques de rythme de transition, où elles ne doivent pas se retrouver en décalage face à leurs concurrents.

Si l’entreprise évolue dans un secteur qui ne va pas assez vite en termes de décarbonation, elle va vite être sujette aux critiques, et va se retrouver au cœur d’un secteur qui n’aura pas conduit de transformations pour s’adapter à un monde à +2°C. 

Si, au contraire, elle évolue dans un secteur enclin à changer structurellement, mais qu’elle ne déploie pas les efforts nécessaires par rapport au reste de son secteur, elle risque de rater la transition, de fragiliser son image de marque et ainsi de perdre des parts de marché

En revanche, avec une ambition affichée en dessous des 2°C, l’entreprise reste face à un double enjeu, celui de mobiliser sa chaîne de valeur (fournisseurs, clients…) pour mobiliser son secteur, et celui de conserver un rythme ambitieux de transition lorsque son secteur s’emploie pour une réelle décarbonation. 

Dilemme entre les différences de rythme de décarbonation de l'entreprise et du secteur. (Objectif 2°C)
Le dilemme stratégique de l’alignement 2°C d’une entreprise par rapport à son secteur

Pour Chateauform’, il était primordial d’impliquer dès le départ la direction financière ainsi que le Comex dans le projet de trajectoire bas-carbone, d’abord pour adresser les challenges de collecte des données, mais avant tout pour aborder l’exercice de manière stratégique face à un chiffre clé: 65% du Bilan Carbone est lié aux déplacements de leurs visiteurs. Face à ce constat qui apparaît comme un risque mais également comme une opportunité business, l’entreprise a entrepris des réflexions stratégiques sur ses activités et s’est posé de nombreuses questions : comment se rencontrer sans systématiquement avoir recours à des modes de transport carbonés ? Doit-on se rencontrer moins souvent mais plus longtemps ? Faut-il un maillage plus fin pour le réseau de lieux de séminaire du groupe ?

Toutes ces questions qui ont émané de notre trajectoire carbone, ce sont des choses qui doivent se réfléchir tous ensemble, et c'est pour ça que nous avons impliqué nos équipes, et que nous devons travailler main dans la main avec nos clients”, témoigne Claire Schwartz. 


On voit notamment au travers de cet exemple que l’exercice de trajectoire bas-carbone doit résonner aussi bien en interne pour embarquer ses collaborateurs et sa gouvernance vers une réelle transformation, mais également en externe pour embarquer ses différentes parties prenantes, et être moteur pour la décarbonation de son secteur. 

Réduction en intensité vs valeur absolue : quelle différence et quelle approche privilégier ?

Lorsqu’une entreprise est confrontée pour la première fois au sujet de sa trajectoire carbone, une question est systématiquement posée : “mon entreprise va se développer, donc mes émissions devraient augmenter. Comment prendre en compte ma croissance dans ma trajectoire carbone?” 

En effet, quand on parle de réduction des émissions de gaz à effet de serre, on peut aborder le sujet de deux façons : 

  • En valeur absolue ce qui correspond à une réduction vis-à-vis de son empreinte carbone globale (ex : mon entreprise émet 45 tonnes de CO2eq en 2022, j’ai un objectif de -20% d’ici à 2030, c’est-à-dire -9 tonnes de CO2eq)
  • En intensité, ce qui correspond à un ratio vis-à-vis d’un indicateur business significatif de l’entreprise (ex : je suis une entreprise de construction et je cherche à réduire la quantité de CO2eq par m2 construit, ou je suis un musée et je cherche à réduire les émissions de CO2eq par visiteur)

réduction émissions, priviligier en valeur absolue ou en intensité?
Réduction en intensité vs valeur absolue :
Quelle différence et quelle approche privilégier ?

Dans la pratique, les entreprises mettent en parallèle ces trajectoires de réduction avec leur trajectoire de croissance afin de déterminer des activités compatibles avec un monde bas-carbone. 

C’est un sujet complexe. Parce ce qu'en tant que Responsable de l'engagement et à titre personnel, je souhaite une trajectoire de réduction en valeur absolue. Mais le sujet est délicat au sein d’une entreprise, puisque si on se développe sur le même segment, avec les mêmes activités, c'est potentiellement incompatible de réduire en valeur absolue et de continuer de croître”, confie Claire Schwartz.

L’approche à privilégier implique des réflexions profondes au sein des groupes et doit s’adapter à chaque typologie d’entreprise.

💡 Pour prendre de la hauteur par rapport à son activité, il est intéressant de mettre en parallèle sa trajectoire bas-carbone orientée “scénario à 2°C” avec une trajectoire “business as usual”.

Attention cependant à ne pas privilégier des indicateurs d’intensité en €, mais bien en unité physique, afin de ne pas systématiquement construire des scénarios qui font s’effondrer l’activité économique.

Conseils et bonnes pratiques pour mettre en œuvre son plan d’actions de réduction

Impliquer toutes les parties prenantes dans l’entreprise 

La mise en place d’actions de réduction de manière concrète ne peut se faire qu’avec l’adhésion des équipes en interne. Les embarquer dans les réflexions permet d’identifier les chantiers prioritaires et les leviers plus ou moins faciles à actionner, et de construire une trajectoire qui soit la plus cohérente possible vis-à-vis de l’activité de l’entreprise. 

Embarquer sa direction

La mise en place d’une trajectoire carbone implique des investissements financiers et humains, et ne peut se faire qu’avec une adhésion forte de sa direction

Depuis le début du projet, nous présentons les résultats du projet à notre direction. Ils sont très à l’écoute, nous questionnent et nous challengent. En fonction de ces résultats, ils écrivent une lettre d'intention tous les ans pour qu'ensuite les équipes prévoient leur stratégie pour l'année en vue. Cette stratégie se fait aussi en fonction de nos ambitions de décarbonation” raconte Claire Schwartz.

Transformer les risques en opportunités

Imaginer son entreprise dans un scénario bas-carbone peut parfois crisper certains interlocuteurs. Il est donc important de montrer le potentiel d’innovation, les opportunités levées par ces transformations et les bénéfices climatiques pour arriver à transformer les réfractaires en alliés. 

Ne pas attendre d’avoir fini sa trajectoire pour avancer

Les projets de transition bas-carbone sont longs et constamment en mouvement. Pour ne pas démotiver ses équipes et ses parties prenantes, il est important de se mettre en action dès que l’on a identifié un levier de réduction facilement actionnable. Les actions qui avancent pas à pas et les petits succès sont d’excellents signes pour l’avancée d’un projet de trajectoire bas-carbone. 

Identifier les référentiels reconnus pour se donner un cadre de travail

Les référentiels sont des guides très utiles pour s’astreindre à des niveaux de priorités au sein de son projet. Ils permettent également, grâce à des analyses scientifiques, de pouvoir projeter son entreprise en parallèle des trajectoires sectorielles, et ceci à court comme à long terme. 

Identifier les actions généralisables auprès de l’ensemble de sa chaîne de valeur 

Comme précisé plus haut, l’implication de sa chaîne de valeur est indispensable car toutes les entreprises comptabilisent des émissions induites dans leur Bilan Carbone, ce qui représente un réel enjeu et un levier à actionner.
Si l’entreprise identifie des actions qui sont généralisables sur l’ensemble de sa chaîne de valeur, elle peut gagner du temps, et participer à la réduction de ses émissions à la fois amont et aval. 

Aujourd’hui, certains grands groupes ne demandent pas simplement à leurs fournisseurs un Bilan Carbone, ils demandent une stratégie de décarbonation à court et moyen terme car ils ont réellement besoin de savoir que leur chaîne de valeur est engagée dans une transition bas-carbone.” ajoute Laurent Barbezieux. 

Anticiper ses besoins de financement pour une stratégie à long terme

Lorsque les actions sont quantifiables et exigent des investissements financiers (ex : le remplacement de sa flotte automobile à moteur thermique par une flotte de véhicules à moteur électrique), il est nécessaire de pouvoir mettre un coût à mettre en face des actions, pour prioriser et évaluer la faisabilité vis-à-vis des scénarios de croissance

Conclusion

Au travers de ce témoignage, nous comprenons le nécessaire travail de mise en perspective de la croissance d’une entreprise avec une trajectoire carbone compatible avec un scénario à +2°C afin de prévenir les risques de transition mais aussi de prévenir les risques liés à la décarbonation plus ou moins lente de son secteur.
On comprend également que les projets de trajectoire carbone doivent embarquer toutes les équipes pour s’assurer d’une réelle mise en action, et ainsi garantir une réelle pérennité de l’entreprise à court, moyen et long terme.